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Thierry Pernot
17/08/2021
Le ver gordien
Un nématomorphe capable de modifier le comportement de son hôte, voire de le pousser au suicide !
N° article : 171
  1. Ver gordien (Nématomorphes / Gordidés / Gordius aquaticus)<br>vue générale

    Ver gordien (Nématomorphes / Gordidés / Gordius aquaticus)


    Avez-vous déjà remarqué ces sortes de fils très fins qui ondulent dans l’eau des mares, parfois des piscines ? Il s’agit de vers gordiens, des vers parasites d’arthropodes. Ils tirent leur nom des entrelacs très complexes qu’ils peuvent former et qui font penser aux inextricables noeuds gordiens. Certains ont déjà observé de véritables pelotes de vers composées de plusieurs dizaines d’individus. On utilise d’ailleurs l’expression « nœud gordien » pour désigner un problème qui ne possède pas de solution.

    https://fr.wikipedia.org/


    Description

    La tête n’est pas plus large que le corps, seule une différence de couleur permet de la distinguer. Ils sont très fins de l’ordre de 1 mm de diamètre, ils peuvent en revanche mesurer plusieurs dizaines de centimètres de longueur et même dépasser le mètre ! Ceux photographiés ici mesuraient environ 25 centimètres. Ils sont également très rigides, vous pourrez le constater si vous en sortez un de l’eau avec une brindille comme je l’ai fait, voir photographies. Ces caractéristiques leur ont aussi donné le nom vernaculaire de « crin de cheval ». 


    Leur peau est très lisse et de couleur beige à brune, la tête montre une zone noire de 3 mm et se termine à son extrémité par une zone grise.


    La partie postérieure est bifide.


    Les muscles sont constitués de fibres longitudinales qui permettent des mouvements limités d’ondulation.


    Classification

    Ces animaux sont classés dans l’embranchement des « Nématomorphes », un embranchement proche de celui des nématodes (ascaris, oxyures). Ces deux embranchements étaient anciennement des groupes composant l’ancien embranchement des « Nemathelminthes ». 


    Ces embranchements appartiennent au super-embranchement des « Ecdyozoaires » comprenant les animaux dont le développement se réalise par une succession de mues cuticulaires. Les arthropodes par exemple font également partie de ce super-embranchement.


    Les nématomorphes sont des pseudocoelomates, évolutivement parlant, ils se situent entre les « plathelminthes » acoelomates (vers plats : planaire, douve, ténia) et les « annélides » (vers segmentés : arénicole, lombric, sangsues) qui eux sont des coelomates.

    Les animaux disposant d’une cavité coelomique sont considérés comme plus évolués que ceux n’en disposant pas, car cette dernière leur confère de nombreux avantages : Plus d’espace et de mobilité pour les organes et en particulier pour le tube digestif, protection contre les chocs, augmentation de l’inertie thermique, récupération des déchets métaboliques.


    Les nématomorphes sont des vers ronds primitifs non segmentés. Les adultes ne possèdent pas de bouche, pas de système respiratoire, pas de système sanguin et pas de système excréteur. Les échanges gazeux et moléculaires se réalisent directement à travers la cuticule. Les adultes ne s’alimentent pas.


    Cycle biologique

    Les adultes qui sont aquatiques vont, après accouplement, pondre des œufs, qui vont alors donner des larves échinodéroïdes (avec trompe et crochets). Certaines de ces larves seront ingérées par des larves d’insectes aquatiques. Ces larves d’insectes seront peut-être ensuite consommées par un invertébré terrestre carnassier (sauterelle carnivore, grillon, myriapode, etc.) et se métamorphoseront alors en une larve nématoïde (sans trompe ni crochets) qui migrera dans la cavité principale de l’insecte. Une fois développé, le ver devra sortir de l’insecte, mais pour survivre il faudra que sa sortie se fasse en milieu aquatique ! Pour cela, le ver va produire des molécules qui vont agir au niveau du cerveau de son hôte et ainsi modifier sa conduite. Ce dernier, au travers d’un comportement que certains qualifient de suicidaire, va alors se jeter à l’eau et libérer son parasite. On ne sait pas vraiment si ces substances produisent une attirance pour l’eau ou si elles se contentent de perturber le jugement de l’insecte.


    Remarques

    Les spécimens photographiés ont été pris à Larrivoire dans une bassine d’eau laissée à l’abandon dans un pré à proximité du jardin.

    La détermination des différentes espèces de Gordius et de Paragordius est une affaire de spécialistes et demande l’utilisation de puissants microscopes. J’ai nommé celui-ci « Gordius aquaticus » car il s’agit de l’espèce la plus courante en France, mais rien ne garantit que ce soit bien cette espèce.


    Autres sites

    http://www.bourgogne-franche-comte

    Ver gordien en dehors de l'eau
    Ver gordien (Nématomorphes / Gordidés / Gordius aquaticus)<br>gros plan de la tête
    Ver gordien gros plan du corps filiforme
    Gordius aquaticus<br>détail de la tête
    Gordius aquaticus<br>détail de la partie postérieure bifide
    Ver gordien dans une bassine d'eau<br>
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