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Thierry Pernot
16/02/2021
Principe de l'économie circulaire
Economie de la fonctionnalité, écoconception, réemploi, tri des déchets, réutilisation et recyclage
N° article : 113
  1. L'économie circulaire, un cycle vertueux<br>arc-en-ciel

    L’économie circulaire


    Je viens de terminer le MOOC « Entreprendre dans l’économie circulaire » sur la plateforme Fun et je vous invite à le suivre, ce cours est très intéressant et les témoignages des différents entrepreneurs sont riches d’enseignements. J’indique en fin d’article comment s’inscrire.


    Pour ceux qui n’ont pas le temps de suivre ce MOOC, je vais essayer de vous présenter l’essentiel de ce que j’ai appris et ainsi de vous montrer l’avantage que présente l’économie circulaire pour notre société.


    Définition

    L’économie circulaire consiste à produire des biens de manière durable, en limitant la consommation de produit neuf, le gaspillage des ressources et la production de déchets.


    On peut aussi la définir en trois mots : ne rien jeter !


    L’économie circulaire vient de subir un coup d’accélération grâce à la loi du 10 février 2020 dite : Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire


    L’économie traditionnelle peut être qualifiée d’économie linéaire :

    Extraire  -  Fabriquer  -  Utiliser  - Jeter


    L’économie du recyclage permet de valoriser une partie des déchets :

    Extraire  -  Fabriquer  -  Utiliser  - Jeter  - Recycler


    L’économie circulaire va plus loin, elle fait tout pour limiter la production de déchets :

    Extraire  - Fabriquer  - Utiliser  -  Réutiliser -  Réparer  - Reconditionner - Recycler


    Pour faciliter la possibilité de réutiliser, réparer, recycler, reconditionner, il faut agir en amont en utilisant les leviers suivants :

    - L’économie de la fonctionnalité

    - L’écoconception

    - Le réemploi

    - Le tri des déchets

    - La réutilisation

    - Le recyclage


    L’économie de la fonctionnalité 

    Quand le produit devient service. Le principe est de remplacer la vente d’un produit par la vente d’un service.

    Par exemple, un constructeur automobile va vous vendre un service de mobilité au lieu de vous vendre une voiture. La grande différence réside dans le fait que c’est l’entreprise qui fabrique le produit qui en reste propriétaire. Ce mode de consommation induit plusieurs avantages pour la société et pour l’entreprise : 


    - Allongement de la durée de vie des produits : comme l’entreprise facture un service, elle a tout intérêt à ce que son produit dure le plus longtemps possible. 

    - Optimisation de la fin de vie des produits : comme l’entreprise est toujours propriétaire du produit lorsqu’il arrive en fin de vie, elle a intérêt à pouvoir valoriser le déchet au mieux. 

    - Fidélisation de la clientèle : ce mode de vente en améliorant la qualité du service rendu, facilite la fidélisation des clients pour l’entreprise, augmente les liens sociaux et l’ancrage local des emplois.

    - Permets de découpler la consommation des ressources de la production de richesse : dans l’économie linéaire traditionnelle, le meilleur moyen d’augmenter la richesse est d’augmenter le volume de production, ce qui conduit à un épuisement des ressources et à une explosion des déchets. Avec l'économie circulaire cette problématique disparait.


    L’économie de la fonctionnalité va orienter l’entreprise dans une direction vertueuse : l’obsolescence programmée perd tout son intérêt. L’entreprise va faire en sorte de concevoir un produit qui dure et qui est facilement recyclable et réparable, nous pouvons alors parler de prévention des déchets


    Si le déchet est inévitable, il faut faire en sorte de faciliter sa réutilisation ou son recyclage, ce qui nous amène au point suivant : l’écoconception.


    L’écoconception

    Pour pouvoir atteindre les objectifs que nous venons de décrire dans le point précédent, il va falloir valoriser au mieux le produit sur l’ensemble de son cycle de vie, il faut donc anticiper cette problématique dès la conception du produit. Il va falloir fabriquer le produit de manière à ce qu’il soit facilement réparable, facilement recyclable, et cela tout en utilisant le minimum de matière et d'énergie et en privilégiant des matières recyclées, on parle alors d’écoconception.


    L’écoconception repose sur l’analyse du cycle de vie du produit. On commence par privilégier un approvisionnement durable en matière première, on va ensuite définir un mode de production respectueux de l’environnement, limiter l’impact de la distribution et de l’utilisation du produit et pour finir, gérer au mieux sa fin de vie.


    L’ADEME définit 4 niveaux de profondeur pour l’écoconception, du plus simple au plus complet :

    - L’amélioration du produit

    On modifie une partie du produit pour limiter un peu son impact environnemental.

    - Reconception du produit

    Le produit est reconçu autrement pour limiter son impact environnemental.

    - Innovation sur une ou plusieurs fonctions

    Des innovations vont transformer certaines fonctions du produit permettant une forte baisse de son impact sur l’environnement.

    - Innovation du système

    Tout le système est repensé sur l’ensemble du cycle de vie du produit permettant d’optimiser les flux de matières et d’énergie.

    Ademe_Ecoconception



    En exemple, vous pouvez consulter le site de l’entreprise CleanCup : chaque année, les consommateurs européens utilisent et jettent 50 milliards de gobelets plastiques ! L’entreprise CleanCup propose une solution durable pour remédier à cette pollution.

    https://www.clean-cup.com/


    Le réemploi

    Comment prolonger la durée de vie des produits ? Un des moyens est de développer le réemploi. À la différence du recyclage, le réemploi vise à réutiliser le produit sans qu’il passe par le statut de déchet. Le réemploi se révèle très performant pour limiter l’impact environnemental : il limite l’achat de produit neuf et donc la consommation de nouvelles matières premières et contrairement au recyclage, il ne consomme pas d’énergie pour la collecte et la destruction du produit.


    La durée de vie d’un produit peut s’analyser plus précisément :

    - La durée de vie normative

    C’est la durée de vie moyenne d’un produit, elle est calculée par l’industriel lors de tests spécifiques.


    - La durée d’usage

    C’est la durée pendant laquelle l’utilisateur va réellement utiliser le produit.


    - La durée de détention totale

    C’est la durée totale de détention du produit, par l’acquéreur et éventuellement par les acquéreurs successifs, si le produit est revendu ou donné.


    - La durée d’existence

    C’est la durée qui s’écoule entre la fabrication du produit et sa destruction. La destruction pouvant donner lieu à une valorisation énergétique par incinération, un recyclage de la matière ou un enfouissement.


    Ces différentes durées sont dépendantes de différents types d’obsolescences :

    - L’obsolescence fonctionnelle

    Le produit ne fonctionne plus à cause d’un changement technique. Exemple, vous ne pouvez plus connecter un périphérique sur un nouvel ordinateur, car les connecteurs ont changé, un logiciel ne fonctionne plus sur la nouvelle version du système d’exploitation, etc.


    - L’obsolescence d’évolution

    Elle exprime le fait qu’un produit ne répond plus aux attentes des consommateurs, car il ne possède pas certaines fonctionnalités attendues. Par exemple, l’arrivée de téléviseurs permettant un affichage à plus haute définition, une gamme d’ordinateurs avec des microprocesseurs plus puissants, une voiture qui permet la lecture automatique des panneaux routiers, etc.


    - L’obsolescence culturelle

    Un changement de mode (standard de beauté) peut entrainer l’éviction d’un produit.


    - L’obsolescence programmée

    Dans certains cas, les constructeurs programment la fin de vie de leur produit pour obliger leur remplacement. Exemples, une pièce mécanique d’un mixeur est prévue pour casser au bout de 15 heures de fonctionnement, une puce électronique va bloquer une imprimante au bout d’un certain nombre d’impressions, un smartphone va voir ses performances chuter lors de la sortie du nouveau modèle, etc.


    À noter que la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte interdit l’obsolescence programmée :

    « Art. L. 213-4-1.-I.-L'obsolescence programmée se définit par l'ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement.

    « II.-L'obsolescence programmée est punie d'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende.

    « III.-Le montant de l'amende peut être porté, de manière proportionnée aux avantages tirés du manquement, à 5 % du chiffre d'affaires moyen annuel, calculé sur les trois derniers chiffres d'affaires annuels connus à la date des faits. »

    LegiFrance.gouv



    Le réemploi est donc un pilier important de l’économie circulaire et cela d’autant plus qu’il permet de générer des emplois locaux via le développement des structures de l’économie sociale et solidaire. Sans oublier le fait qu’il permet un gain économique à l’acheteur, le produit d’occasion étant toujours moins cher que le produit neuf.


    Pour développer le réemploi, il faut comprendre les freins à son développement, pour pouvoir ensuite les contourner :

    - Concurrence des produits neufs à bas coût

    - Incertitude sur la qualité des produits d’occasion


    À titre d’exemple, vous pouvez consulter le site de l’entreprise Back Market, son objectif : « Rendre les produits reconditionnés aussi fiables que désirables. »

    https://www.backmarket.fr/


    Le tri

    Lorsque le produit n’a pu être réemployé, il va malheureusement finir en déchet. Mais là encore tout n’est pas perdu, si l’on veut pouvoir valoriser au mieux les déchets il faut préalablement les trier.


    Si l’on rapporte l’ensemble des déchets produits en France au nombre d’habitants, on obtient un chiffre difficilement crédible : 4,9 tonnes / an / Habitant !

    C’est pourtant bien la réalité, le BTP représentant à lui seul 70 % de ces déchets. Le reste de l’industrie compte pour 20 %, les ménages pour 9% et les collectivités pour 1%.

    Le tri est important, car il va permettre de valoriser au mieux le déchet, soit par réutilisation, soit par valorisation de la matière première, soit par valorisation énergétique.


    En France, la plupart des communes demandent un tri en 7 catégories :

    - Les emballages en plastique, en carton et autres (Poubelle bleu ou jaune suivant les communes)

    - Le verre (bac à verre)

    - Le papier et le carton hors emballage (bac à carton ou déchèterie)

    - Les métaux hors emballages (Déchèterie)

    - Le bois (Déchèterie)

    - Les textiles (Conteneurs de récupération)

    - Les matières organiques compostables (Composteur des particuliers)

    - Autres déchets non triés (poubelle grise)


    À cela, on peut ajouter la gestion différenciée du matériel électronique, des piles, des cartouches d’encre, des peintures, huiles et autres produits toxiques qu’il faut emporter à la déchèterie.

    L’objectif étant de diminuer au maximum le contenu de la poubelle grise.


    Vous trouvez que c’est compliqué ?

    Regardez comment procède la ville de Kamikatsu au Japon, il n’y a pas moins de 45 catégories de produits à trier et il n’y a pas de ramassage ! Les citoyens doivent tout apporter eux-mêmes à la déchèterie. Un moyen radical de faire prendre conscience de la quantité de déchets que chacun produit.

    InfoDurable_Kamikatsu



    Vérifiez et complétez vos connaissances sur le tri sur le site de CITEO : https://www.citeo.com/


    Pour un exemple d’entreprise qui s’attaque aux déchets du BTP : https://www.hesus.eu 


    Face à la montagne de déchets que nous produisons chaque année nous pouvons adopter deux types de comportements :

    - Être fataliste et penser que tout est perdu, que le problème est insurmontable.

    - Voir cette montagne de déchets comme un gisement de matière première, considérer la lutte contre le gaspillage comme un défi à relever et appréhender le tout comme un ensemble d’opportunités pour les jeunes entrepreneurs.


    Ne jamais confondre « Très difficile » avec « Impossible ». Tout est possible.


    La réutilisation

    Voici un autre moyen de prolonger la durée de vie des produits : la réutilisation.

    À la différence du réemploi, où le produit est utilisé de manière identique pour la même fonctionnalité, la réutilisation va permettre de réinjecter le produit, devenu déchet, dans le circuit économique en détournant éventuellement son usage initial, de plus il n’y a pas destruction du produit comme dans le cas du recyclage, il y a donc un gain d’énergie.

    L’économie voit fleurir de plus en plus de "Repair café" et de recycleries en tout genre permettant le développement d’emplois locaux.

    https://www.repaircafe.org/


    Exemple : une entreprise va récupérer du matériel électroménager en déchèterie pour le réparer et le revendre.

    Pour contourner les freins au réemploi et à la réutilisation, la société Murphy promet de réparer votre gros électroménager pour un forfait de 85 €. Le coût est donc connu à l’avance, il n’y a pas de risque de dérapage, de plus la réparation dispose d’une garantie. Si la réparation n’est pas possible, Murphy s’engage à vous fournir un équivalent d’occasion à bas prix. Cela permet de limiter la surconsommation de matériels.

    https://murfy.fr/


    Un site à connaitre également, celui du « réseau Envie » :

    https://www.envie.org/


    Pour creuser la notion de réutilisation et en particulier les dispositifs réglementaires l’encadrant (Dispositif REP :  Responsabilité Elargie du Producteur), vous pouvez consulter le site de l’ADEME :

    ADEME_REP



    Le recyclage

    Quand il n’a pas été possible d’éviter la production du déchet par l’économie de la fonctionnalité ni par l’écoconception et qu’il n’a pas été possible ou qu’il n’est plus possible de réutiliser le déchet, il nous reste une dernière ressource : le recyclage.


    Alors que dans l’économie du recyclage, ce dernier en constitue la pierre angulaire, dans le système de l’économie circulaire, le recyclage arrive comme ultime solution, uniquement après avoir tout tenté pour retarder la mise en déchet.

    Un déchet peut être valorisé de différentes manières :


    - Réutilisation (suivant les modalités expliquées dans le paragraphe précédent)

    - Par surcyclage (upcycling)

    - Valorisation de la matière par recyclage ou compostage.

    - Valorisation énergétique par incinération, gazéification ou méthanisation 


    Il est important de favoriser les trois premières solutions, car la valorisation énergétique par incinération génère une pollution importante, dont des gaz à effet de serre problématique pour le climat.

    La valorisation de la matière des déchets est favorisée par l’écoconception des produits qui a anticipé le problème du recyclage.


    Il est important que les gouvernements adoptent des lois qui aident à la compétitivité des filières de recyclage.


    Certaines entreprises se sont spécialisées dans la valorisation de la matière première des déchets, en réutilisant cette matière pour concevoir des produits totalement différents de ceux à l’origine du déchet.

    Comme exemple, vous pouvez consulter le site de l’entreprise EtNISI : « l’art de transformer des matériaux destinés à la benne, en produits esthétiques, innovants et résistants ».

    https://www.etnisi.com/


    Pour finir, il faut mentionner un nouveau moyen novateur de recycler le déchet : le surcyclage.

    L’idée est de réutiliser le déchet sans le détruire, pour reconstruire avec, autre chose.

    Exemples : construire une table avec des pneus, un fauteuil avec un tambour de machine à laver, des coussins avec des gilets de sauvetage, etc. Laissez libre cours à votre imagination.

    Plusieurs idées ici pour réutiliser un tambour de lave-linge !

    Murphy_Surcyclage



    Conclusion

    L’économie circulaire regroupe un grand nombre de notions qui s’interpénètrent les unes les autres. On se rend compte que tout est lié et qu’une avancée dans un domaine va en produire d’autres dans les autres domaines. On peut facilement enclencher un cycle vertueux.


    Les défis sont immenses, mais les solutions existent. C’est à chacun d’entre nous, en réfléchissant avant de consommer, de faire les bons choix et d’activer ainsi ce cycle vertueux. Si un nombre suffisant de citoyens fait cet effort, l’économie linéaire actuelle va basculer automatiquement en une économie circulaire salvatrice. 


    Ne comptez pas toujours sur les autres, prenez les choses en main et surtout ne croyez pas que votre action individuelle est négligeable. Elle est tout sauf négligeable, elle est essentielle


    Si vous souhaitez lancer une entreprise dans ces domaines, suivez le MOOC « Entreprendre dans l’économie circulaire », il vous donnera un grand nombre de tuyaux sur la manière de le faire, sur les données à prendre en compte, sur la manière de s’organiser et sur les pièges à éviter.


    Comment s’inscrire au MOOC ?

    Pour ceux qui ne connaissent pas, MOOC signifie « Massive Open Online Course » que l’on peut traduire par « Formation sur internet ouverte à tous ». Il s’agit de cours et d’interview sous forme de vidéo que vous devez suivre. En fin de chaque chapitre, il y a des exercices notés sous forme de quizz qui vous permettront d’obtenir une attestation de suivi et de réussite, ce que j’ai fait par jeu. Si l’attestation vous est inutile, vous n’êtes pas obligé de faire les exercices.

    Pour cela connectez-vous à cette adresse : https://www.fun-mooc.fr/

    Dans la zone « Rechercher un cours » en haut à droite de l’écran, saisissez « Entreprendre dans l’économie circulaire ». Le cours apparaît, cliquez ensuite sur « En savoir plus » puis une fois sur le cours cliquez sur le rectangle bleu à droite « Inscription ».


    Attention les inscriptions pour ce cours seront closes le 21 juillet 2021.


    Il faut compter environ 8 heures de travail pour le suivre, durée que vous pouvez planifier à votre guise. Il faut simplement le terminer avant le mois d’Août.

    Le MOOC est réalisé en partenariat avec l’entreprise Phenix qui propose des solutions anti-gaspillage.

    https://wearephenix.com/


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